L'Islam peut-il résister au Communisme

Tactique communiste au Moyen-Orient dans l'ère post-stalinienne

 

Nous nous en sommes flattés, quand Mao-Tsé-Yung eut achevé de défaire Tchang-Kai-Tcheck ; que la Chine, cette amibe politique informe autant qu'immense, dont le gigantesque endoplasme a toujours digéré les idéologies étrangères, digérerait le communisme. Force nous est de reconnaître notre erreur.

C'est le communisme qui a absorbé la Chine. Il la domine. Il l'écrase. Surtout il l'imprègne. Sans préjuger d'un avenir qui ménagera des surprises, disons qu'aujourd'hui le communisme a triomphé de la Chine.

La racine de notre erreur est d'ordre philosophique. Nous n'avions pas vu tout ce qu'on de commun la conception marxiste du chef, interprète du devenir historique (oui, et même quand on déboulonne les statues de l'ancien chef) et l'idée chinoise de l'empereur, interprète des volontés du Cosmos. Nous n'avions pas vu que le Chinois confucianiste a, comme le marxiste, la religion d'un ordre social et, comme lui, ne s'intéresse qu'à l'homme plutôt qu'aux dieux. Enfin, pensée marxiste et pensée chinoise sont des pensées rythmées.

L'analogie est frappante entre la tension du Ying et du Yang et l'oscillation de la pensée dialectique. « Analogie », ai-je dit, et pour me réfuter on se servira de ce mot. Analogie seulement, je le confesse, mais telle que le jeune Chinois s'est retrouvé dans son univers en absorbant le marxisme. Que dis-je ! Il a eu l'impression que ses traditions rejoignaient la pensée la plus moderne. Singulier attrait pour ce fils de plusieurs millénaires, enfant humilié des deux derniers siècles19.


19 Sur cette question, on lira avec profit l'article lucide de M. Jean de Ligny, Pensée chinoise et pensée marxiste, dans Rythme du monde, 1951, n°4.