L'Inde et le communisme

La contagion est-elle fatale ?

Non, ni la présence des Anglais (une illusion), ni la spiritualité hindoue (un leurre) ne préserveront l'Inde du communisme. Alors ?... la catastrophe est-elle fatale ?

Peut-être... Osons regarder en face cette éventualité. On ne voit pas quelle résistance peut opposer ce subcontinent famélique et mal gouverné.

Pourtant on ne s'imagine pas qu'il se révolte. L'Indien est en dessous du niveau où on tente les révolutions. Il n'en a même pas la force. Il sait trop qu'on trouvera toujours des misérables pour briser les grèves et réprimer les émeutes. Si jamais une révolte éclatait, elle prendrait la forme d'une jacquerie. L'Hydérabab a connu quelque chose de cet ordre. Les paysans s'y sont révoltés, et ce fut un des motifs à l'invasion de cet état. Mais la jacquerie d'Hydérabab ne s'est pas développée. Seuls quelques districts restreints subsistent encore.

Si le communisme devait pénétrer l'Inde par l'intérieur, ce serait plutôt à l'occasion des heurts entre races et entre régions que l'excessive centralisation, nous l'avons dit, provoquera indubitablement. Événement à longue échéance. La menace qui vient de l'extérieur est malheureusement plus immédiate. L'URSS et la Chine communiste touchent à l'Inde l'une et l'autre (ne comptons pas sur le minuscule corridor afghan inventé par les diplomates, et qui d'ailleurs rejoint un corridor chinois). L'Inde peut-elle supporter leur choc ?

L'Inde ne peut rien supporter : tout ce que nous venons de relater ne le démontre que trop. Elle ne peut même pas avoir de politique étrangère. M. Nehru habille de beaux principes son attitude « neutraliste » dans l'affaire d'Indochine ; elle n'est qu'incapacité de prendre parti, tant est fragile l'édifice politique indien.