L'Inde et le communisme

Les deux seuls paratonnerres

Ainsi est-on en droit de se demander comment l'Inde n'a pas encore été envahie par les forces communistes. Sous leur poids elle se fût effondrée comme un château de cartes. Première réponse : Union indienne et Pakistan appartiennent au Commonwealth. Toute attaque contre eux dégénérerait presque infailliblement  en un conflit généralisé. Or, pour des raisons que nous n'avons pas à analyser ici, l'URSS visiblement tient à éviter, au moins pour le moment, un conflit généralisé.

Mais n'est-il pas paradoxal qu'alternativement les gouvernements de Dehli et de Karachi parlent de quitter le Commonwealth, quand ce départ serait signer leur arrêt de mort ?

Deuxième réponse, complémentaire à la précédente : la rivalité entre la Chine et l'URSS. Selon certains observateurs l'envahissement du Tibet par Mao Tsé-Toung ne serait pas dirigé contre les Indes. Il aurait pour seul objet de renforcer la position chinoise au Sin Kiang, cette province sur laquelle l'URSS a mal caché ses ambitions. Par suite de leur rivalité, Chine et URSS n'admettraient pas que l'une d'entre elles, par une main-mise sur l'Inde, accrût sa puissance vis-à-vis de l'autre. La Chine ne voudrait pas que l'URSS parvint ainsi à exercer un leadership direct sur l'Asie. L'URSS, à qui se pose le grave problème de compter avec un associé, et non plus seulement avec des satellites, craindrait qu'une Chine accrue des Indes devint trop forte, donc trop indépendante. Et cette rivalité serait la meilleure garantie pour Dehli et pour Karachi.

Excès de misère à l'intérieur, participation au Commonwealth et rivalité sino-soviétique à l'extérieur ; telles seraient les sauvegardes de l'Inde contre le communisme – de cette Inde qui ne sera pas, avant bien longtemps, une grande puissance...