Agonie et mort des Établissements Français dans l'Inde

Marchés Tropicaux 31/3/1956

 

Au cinéma, pendant la première semaine de novembre 1954, les actualités défilent sur l'écran : traditionnelles inaugurations, reportages au cimetières parisiens, modèles de haute couture, et puis une brève image, le drapeau français qu'on abaisse à Pondichéry. Mais déjà apparaît un concours de saut en hauteur. La salle a vu tomber le drapeau français sans réagir. Ce n'était qu'une image parmi les autres : trois siècles d'histoire abolis dans l'indifférence.

Sans doute la perte des Établissements dans l'Inde succédait à Dien Bien Phu, à la paix de Genève, au nouveau régime de la Tunisie : des événements plus graves attiraient notre attention. Quatre petits comptoirs, à eux quatre à peine grands comme le département de la Seine ! Ils n'avaient guère pour nous que valeur sentimentale. L'ultime survivance de l'empire de Dupleix, tout ce que l'Angleterre nous en avait laissé en 1761, 1783 et 1814 : pour nous, quelque chose comme un bijou de famille. Mais, à ce seul titre, pareille indifférence était déjà un scandale.