Agonie et mort des Établissements Français dans l'Inde

Après le départ des Anglais

Toutes ces raisons expliquent comme devait se terminer l'aventure commencée pour la France quand, le 15 août 1947, l'Angleterre évacua l'Inde. Ce jour même, la revendication était ouverte pour nos comptoirs, avec une virulence accrue, par les agents britanniques qui ne pouvaient supporter que la France demeure, même de façon quasi symbolique, quand Albion avait dû plier ses bagages. La France eut immédiatement le seul geste qui lui fut permis. Le 23 août 1947, une déclaration franco-indienne posait le principe d'un règlement amical du problème, compte tenu « à la fois des aspirations et des intérêts de la population en cause, des liens historiques et culturels qui les unissent à la France et de l'évolution de l'inde . » Un an après, et sur la suggestion du pandit Nehru, le principe était adopté d'un référendum dans l'Inde française (échange de lettres du 29 juin 1948). En même temps, en gage de bonne volonté, la France faisait abandon de ses droits historiques sur les Loges. Acte de bonne volonté inévitable, car ces minuscules enclaves en pleine terre indienne étaient indéfendables et ne présentaient nul intérêt. Elles n'étaient vraiment qu'une survivance et notre souveraineté n'y avait plus guère qu'un caractère théorique. L'échange de lettres dont nous venons de parler précisait que le référendum, dont les résultats vaudraient pour chacun des comptoirs, serait fixé pour Chandernagore par l'assemblée municipale de la ville libre, pour les quatre Établissements du sud par leurs conseils municipaux groupés en une assemblée unique. Les dates qui furent choisies alors étaient pour Chandernagore le 19 juin 1949, pour les Comptoirs du sud le 11 décembre 1949.

Pourtant une si grande bonne volonté française n'avait guère été encouragée par l'Union indienne. C'est ainsi que, pour embarrasser nos Établissements, Delhi avait dénoncé, le 30 mars 1948, l'union douanière établie le 28 janvier 1941 entre les Établissements et l'Inde. Première étape du blocus économique qui devait, avec quelques interruptions, être exercé jusqu'au 1er novembre 1954.